Les vins d’Alsace sont issus d’une région au charme bien particulier, avec ses coteaux souvent impressionnants entourant des villages coquets et fiers, blottis au cœur des vallons. On y trouve une culture distinctive où se sont entremêlées, au fil des siècles, les influences germaniques et françaises, créant ainsi une personnalité qui se reflète dans les vins, constitués à 90% de blancs, un pourcentage assez rare dans le vignoble français.

Bien qu’on y produise aussi de très jolis pinots noirs, qui ont regagné en finesse et en expression au fil des dernières décennies, la place d’honneur, en Alsace, revient à tout un registre de blancs aux personnalités variées.

Du côté du riesling, roi de la région, les vins sont nerveux, énergiques, souvent dotés d’une profondeur minérale exceptionnelle et d’une bonne capacité de vieillissement. Ils montrent généralement un profil sec ou légèrement demi-sec, contrairement à leurs vis-à-vis allemands.

Pour ce qui est des vins issus du gewurztraminer ou du muscat, ils sont aromatiques et floraux — et parfois bien riches, grâce au gewurztraminer.

Quant au sylvaner et au pinot blanc, ils donnent de leur côté des vins fins, généralement accessibles, tout comme le muscat d’Alsace, toujours sec et très aromatique. On les trouve souvent dans des assemblages comme les «gentils» — celui de la maison Hugel étant un exemple bien connu chez nous. Dans ces vins parfois appelés «edelzwicker», les différents cépages blancs sont réunis en diverses proportions, mais toujours dans un esprit de plaisir, donnant des vins gouleyants et joliment parfumés. En prime, une bonne part des raisins prennent le chemin des bulles: le crémant d’Alsace, qui représente 25% de la production régionale, est l’effervescent d’AOC préféré des Français après le champagne.

Une bonne dose de soleil

Pour produire ces vins, le vignoble alsacien profite de conditions très particulières. Même si elle est située au nord, l’Alsace vinicole reçoit aussi peu de pluie qu’à Perpignan, au bord de la Méditerranée. Son ensoleillement exceptionnel est dû à l’effet protecteur du massif des Vosges, situé tout juste à l’ouest des vignobles, qui bloque les pluies en provenance de l’Atlantique. Sur une petite bande de terre d’environ 25 kilomètres, chaleureusement blottie entre ces montagnes et le Rhin, les conditions deviennent idéales pour le raisin. Le climat sec facilite la vie des vignerons (moins de maladies sur la vigne) et favorise la culture biologique. Plus de 16% du vignoble est certifié bio, contre une moyenne nationale française d’environ 10%.

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Vue aérienne des plaines et vignobles en AlsaceVue aérienne des plaines et vignobles en Alsace

Une gamme de sols

Un aspect fascinant du monde vinicole alsacien est la grande diversité de ses sols — et le degré d’attention qu’y portent les vignerons. Quand on lit la contre-étiquette de certaines cuvées — en particulier celles qui figurent parmi les 51 grands crus d’Alsace, situés sur des coteaux souvent abrupts et bien délimités —, la qualité des sols et l’orientation du coteau y sont expliquées avec soin et précision. Il faut dire que cette mosaïque de sols (calcaire, schiste, granit, gneiss, grès, marne, etc.), reconnaissable quand on arpente les coteaux, donne aux vins des caractères très distincts.

Par exemple, le célèbre Clos Sainte Hune, propriété de la famille Trimbach depuis plus de 200 ans, provient d’un terroir calcaire débordant de coquillages fossiles. Il en résulte un riesling présentant une structure et une tension bien spécifiques, voire incomparables. La situation géographique de ce clos est bien visible, tout comme la délimitation des grands crus. Parfois, la couleur de la pierre change radicalement entre un vignoble et un autre et, par conséquent, le caractère des vins diffère, ronds d’un côté et tranchants de l’autre. La répartition des cépages — ici, le riesling, là le gewurztraminer — tient compte de cette connaissance historique longuement et attentivement acquise au fil des siècles.

Les principaux vins d'alsace

Bulles: crémant d'Alsace

Blanc:

  • les vins vedettes: riesling, gewurztraminer, pinot gris
  • les vins copains: muscat, pinot blanc, auxerrois, sylvaner

Rouge: pinot noir

Des vins polyvalents

Quand les vins sont issus d’un terroir aussi précis et varié — et aussi chargé d’histoire —, il n’y a certainement aucun mal à les accorder de façon traditionnelle avec la choucroute, le flammeküche (tarte flambée garnie d’oignons, de lardons et de crème) ou le baeckeoffe (ragoût étagé longuement cuit au four). La vivacité et les belles notes aromatiques des blancs de la région vont très bien avec ces plats généreux.

On peut aussi pousser les accords passablement plus loin, ne serait-ce qu’en mariant les muscats alsaciens aux asperges — accord compliqué s’il en est un. Le riesling répond parfaitement aux saveurs salines des fruits de mer, alors que le pinot gris est un vrai bonheur avec les cochonnailles ou les volailles.

Groupe de personnes en train de pique-niquerGroupe de personnes en train de pique-niquer

 

En outre, les notes épicées et la richesse d’un gewurztraminer ou la rondeur aromatique d’un assemblage de style gentil, par exemple, iront à merveille avec les épices asiatiques, en particulier celles des plats indiens comme le curry. Les sushis ou des plats thaïlandais comme le pad thaï offrent également des combinaisons équilibrées avec le côté plus doux du vin d’Alsace. Comme quoi on peut avoir les racines bien ancrées dans le terroir local et les papilles bien ouvertes sur le monde… culinaire.

Idée-recette

Voici une recette qu’on vous suggère de déguster avec un riesling:

Crêpes au homard

Crêpes au homard


Préparation 20 minutes
Cuisson 15 minutes
Portions pour 4 personnes

Photos: Tristan Vuano et Chez Elles

Une longue histoire

En plus d’avoir du goût et l’esprit artisan, les Alsaciens ont aussi le sens de l’histoire. Après tout, le vignoble de la région remonte à l’époque romaine, et les premières réglementations visant à assurer la qualité des vins datent du 14ᵉ siècle. Chez Hugel et Trimbach, deux des maisons familiales parmi les plus connues de la région, on retrace respectivement la fondation de la cave à 1639 et 1626. Quand les vignerons, dans de telles maisons, sont de la douzième ou même de la quinzième génération et que les parcelles appartiennent à la famille depuis deux siècles ou plus, on vendange et on vinifie avec le sens de la continuité et dans le souci de la transmission.

L’histoire ne concerne pas seulement les domaines familiaux. Par exemple, la cave coopérative d’Eguisheim, responsable de la marque Wolfberger, a été fondée il y a près de 120 ans. L’importance accordée aux coopératives alsaciennes et le travail sur la qualité qui y est effectué témoignent de l’esprit de communauté qui anime le monde du vin dans la région.