Dès la Grèce antique, Hippocrate et Pythagore trouvaient diverses vertus à l’absinthe, de la capacité à stimuler la créativité en passant par des effets aphrodisiaques et même le pouvoir de soulager les crampes féminines. Au 19e siècle, elle était prisée par les artistes, particulièrement en France, parce qu’elle rendait supposément plus sensible et réduisait les inhibitions.

Sa popularité en fait une véritable boisson nationale, en France et en Suisse, à la fin de ce même siècle. Jaloux, les vignerons et les autres distillateurs accusent l’absinthe de tous les maux. Un de ses composés actifs, la thuyone, causerait des désordres neurologiques graves. La campagne, fortement soutenue par les milieux prohibitionnistes, conduit à l’interdiction légale de l’absinthe, partout en Europe et en Amérique du Nord, à partir de 1910.

De la légende à la réalité

La science aidant, on s’est toutefois rendu compte qu’il faudrait consommer plusieurs litres d’absinthe à la fois pour que la thuyone ait des effets toxiques! À partir des années 1990, l’évaluation plus objective des vertus et les risques de cette herbe légendaire, l’artemisia absinthium, mène à sa légalisation en France, puis en Suisse (où on la distillait illégalement un peu partout dans les vallées) et en Amérique du Nord.

L’aura créée par son parfum d’interdit et son association à des artistes célèbres – Baudelaire, Toulouse-Lautrec, Oscar Wilde, Van Gogh… – incitent plusieurs distillateurs à ressusciter des recettes historiques et à en inventer de nouvelles.

Fabrication québécoise

Au Québec, l’Absintherie des Cantons s’en est fait une spécialité depuis sa fondation en 2015, et deux autres distillateurs s’y sont mis depuis: la Distillerie Fils du Roy (qui produit La Courailleuse) et la Distillerie Mariana, en association avec Les Spiritueux Iberville. Des produits hautement qualitatifs qui devraient remettre la «fée verte» à l’honneur dans les bars bien garnis.